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Les Incas vus par un maître spirituel

« Sans le soleil, il n’y a pas de vie. Les Incas savaient cela« , ce disant, Hector, « maestro del sol », pointe du doigt un autel destiné au dieu soleil. D’un côté,  neuf marches, à la taille croissante pour représenter les neuf mois de la gestation; et de l’autre, trois marches pour illustrer trois mondes. « Pour eux, il existait trois mondes : le monde interne, le monde de la vie et le monde du cosmos« .

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La cruz andina représentant les trois mondes incas.

Le site de Sacsayhuaman, à deux kilomètres de Cuzco, contient de nombreuses représentations de la cruz andina (chacana en quechua), illustration de l’existence de ces trois mondes.
A chaque monde, son animal et sa signification : le cosmos et son condor, symbole de paix; la vie et son puma,  symbole de la protection;  et le monde interne et son serpent, symbole d’intelligence. A l’époque des Incas, Cusco avait d’ailleurs la forme d’un puma, avec Sacsayhuaman pour tête. Aujourd’hui la ville s’ est agrandie, perdant sa forme originelle et possède quatre visages : pré-inca, inca, colonial et moderne.

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Cuzco, vue de Sacsayhuaman

Un centre spirituel
En guise d’introduction, Hector explique que Sacsayhuaman est un centre spirituel. Pourtant, n’importe quel guide touristique signale que ce site archéologique est une forteresse, construite dans un but défensif. D’ailleurs des tunnels le relie à Cusco, ce qui pourrait appuyer cette utilisation militaire du lieu. Pourtant Hector, en tant que maître spirituel, y voit autre chose : « sans lumière,  on peut se connecter au monde intérieur. Le retour à la lumière c’est comme un retour à la vie« . Mais attention, entrer dans l’un de ces tunnels avec une énergie négative ne vous permettra que de ressentir peur et incertitude. A l’inverse, empli d’énergie positive, vous pourrez établir la connexion. Hector nous invite alors à tenter l’expérience mais avant cela,  quelques explications s’ imposent : « poser votre main sur la paroi à côté de vous et l’autre sur celle au-dessous de vous, cela vous permettra de vous guider dans le noir ». Un noir complet. L’exploration commence, pas à pas. La peur, réflexe premier, s’installe. Vient alors le moment de lucidité,  s’ obligeant ainsi à respirer plus calmement, et à avancer,  sachant que la lumière se trouve au bout du chemin. A la vision de ce rayon de soleil à travers la roche, c’est une vague de soulagement qui nous envahit.
Le tunnel aboutit sur « la boca del volcano », le cercle parfait du centre de la cruz andina. Une vision majestueuse et, après la connexion avec le monde intérieur (sans lumière), celle avec le monde de la vie (avec lumière), vient le moment de contempler le cosmos.

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Surnommé « la boca del volcano » car autrefois se trouvait en ce lieu un volcan.

A l’époque inca, ce cercle était empli d’eau, dans laquelle se reflétait les constellations.  L’arrivée des espagnols et leur destruction partielle du site ont fait disparaître ce lac sacré. Dans la bouche d’Hector, rien ne semble du au hasard. Autour de ce cercle, des pierres, non travaillées, sauvages. Là encore, un acte mûrement réfléchi des incas : « ils considéraient que ces pierres étaient les racines de Pachamama (la terre-mère), ses enfants. D’ailleurs ces pierres grandissent année après année. Les plus âgés sont les plus grosses ».
Car pour les Incas, toutes choses possèdent une énergie. De l’autre côté du centre du lieu, un amas de roche magmatique,

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De l’autre côté de cette roche magmatique, de la lave qui forme aujourd’hui des toboggans naturels pour ravir petits et grands.

représentation de l’énergie féminine pour les Incas, qui ne l’ont donc pas détruite. En face, des murs construits et taillés pour accueillir la « casa del sol » et les habitations des maîtres spirituels,  symbole ici de l’énergie masculine. Ce face à face est la représentation même de la nécessité d’un équilibre entre ces deux énergies. « Aujourd’hui dans notre monde, la balance n’est pas faite, c’est l’énergie masculine qui domine, même si en Amérique latine l’énergie féminine est bien présente (présidents femmes par exemple)« . La casa del sol est le point culminant du site, dont il ne reste aujourd’hui que les fondations. Seul l’Inca et les maîtres spirituels pouvaient y accéder.
Le peuple inca était en constante recherche d’énergies nouvelles, preuve s’ il en est par la présence à Sacsayhuaman d’escaliers inversés « on a les trois mondes mais également un quatrième et un cinquième qui y sont représentés. Car les Incas pensaient que d’autres mondes au-dela du cosmos pouvaient exister. Seul l’esprit pouvait y accéder, sans pour autant parvenir à apercevoir les habitants de ces mondes. Ils disparaissaient dès qu’un regard se posait sur eux ». Sacsayhuaman est l’illustration parfaite de ces énergies qui composent notre monde aux yeux des incas. Une vision qui peut en rappeler d’autres : le fameux yin et yang pour commencer, ce respect de la nature présent chez les amérindiens par exemple, mais aussi cette croyance de l’existence de trois mondes, que l’on retrouve notamment chez les Scandinaves (Niflheim, Midgard et Asgard).

1 commentaire pour “Les Incas vus par un maître spirituel”

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