Lorsque la pleine lune de février-mars approchent, les rues commencent à se colorer. Les étals regorgent de poudres multicolores, de pistolets à eau ou de petits ballons à remplir. Il y a comme un air de fête qui s’installe. Normal : Holi arrive. Elle fait partie des trois plus grandes fêtes célébrées en Inde avec Diwali -fête des lumières- et le jour de l’indépendance. Si celles-ci peuvent être mises en avant, il faut tout de même souligner que chaque ville a sa fête qui lui tient à coeur. A noter que pour chacun de ces événements correspondent… des pâtisseries, bien spécifiques.
Jour férié en Inde, n’espérez pas trouver quoi que ce soit d’ouvert ce jour-là, le matin en tout cas. Mais avant Holi, il y a Holika. La veille de la célébration, des feux de joie sont allumés un peu partout. « Ils servent à éloigner les démons », nous explique Hameed, qui habite Amber, au Rajasthan. Ces brasiers font également référence à une légende qui appartient à la mythologie hindoue. Hiranyakashipu était un roi tyrannique, adorateur de Brahma mais son fils Prahlad lui préférait Vishnu. Pour le punir, le roi fit appel à sa soeur Holika, qui avait la particularité de ne pouvoir être blessée par le feu. Il défia son fils de s’ allonger dans les flammes aux côtés de sa tante. Prahlad s’en remit à Vishnu et fut sauvé grâce à sa loyauté. Holika quant à elle, ne fut protégée par son étrange pouvoir et brûla vive. Il est dit que dans ses derniers instants, elle demanda pardon à Prahlad. Une autre version de la légende raconte que Holika était protégée du feu grâce à une écharpe magique. Elle donna cette écharpe à son neveu, le sauvant ainsi d’une mort certaine. Dans une version comme dans l’autre, son geste est salué et explique pourquoi Holika est honorée à la veille de Holi. « Pour moi, Holika est le moment le plus important de Holi. Les couleurs, j’aimais cela quand j’étais petit », explique Raj, issu d’une famille Brahman. « Dans certaines communautés, les femmes ne mangent pas de la journée et ne peuvent le faire qu’après le feu d’Holika », nous explique-t-on.
« Le principal message d’Holi c’est que l’honnêteté, le bien l’emporte toujours », glisse Sonal, qui fête Holi avec toute sa famille de confession jaïn. Festival célébré donc par les hindous, comme les jaïns et les bouddhistes, il annonce l’arrivée du printemps. L’usage est alors de recouvrir le visage des personnes que l’on croise de poudres de couleurs, le tout alimenté d’un « happy Holi ».
A chaque couleur, sa signification
À l’origine, les poudres colorées possédaient des propriétés ayurvédiques. Du curcurma en guise de poudre orange donne une peau saine par exemple. Aujourd’hui les couleurs possèdent plutôt des propriétés chimiques. Il est d’ailleurs déconseillé aux touristes de se promener seuls le jour d’Holi, la fête pouvant se révéler pour eux dangereuse. Nombre d’indiens choisissent d’ailleurs de la célébrer en famille, à l’abri dans leurs maisons.
Se jeter des couleurs c’est bien, mais en connaître la signification, c’est mieux. Pour cela, il faut se tourner vers Sonal : « seules les couleurs de base représentent quelque chose. Le blanc pour la paix, le bleu est lié à l’eau, le safran (orange) pour la prospérité, le rouge pour la protection et la pureté de l’esprit et de l’âme, le vert pour l’honnêteté et le calme, le rose est lié aux filles et à la beauté et le jaune sert à éclairer car lorsque l’on regarde cette couleur, nos yeux s’ouvrent grands ». Holi, c’est un grand moment de convivialité, où hommes et femmes se mettent sur un pied d’égalité, mais c’est aussi une journée où l’alcool coule à flots dans un pays qui n’y est guère habitué. Prudence donc aux touristes -femmes notamment- car les mains qui étalent les couleurs peuvent finir par se balader un peu…